Lacrimosa (I)

I
 
Ma mère va mourir. Vous me direz: c’est pas un scoop; tout le monde meurt. C’est dans l’ordre des choses; nous sommes tous des morts en sursis. Sauf qu’on ne connaît pas sa date de péremption. Ma mère va mourir et je sais que ce sera dans une période comprise entre huit et trente six mois. Survie médiane: 14 mois et demi. Malgré les traitements qui commencent. Malgré l’espoir.
Deux semaines que je le sais, que je suis seule à savoir et que cette idée ne me quitte plus. Deux semaines où je ne fais même plus le décompte en mois ou en semaines, mais en Noëls ou en anniversaires. Entre un et trois Noëls; entre un et trois autres anniversaires. Voilà le temps qu’il nous reste. Comme il est ridiculement court!
 
Ce sentiment qu’il n’y a plus de temps à perdre. Et ce sentiment irrépressible qu’on en a déjà perdu tellement et que tous les moments qui restent ne suffiront pas à combler tous les moments que l’on a choisi de ne pas vivre auparavant.
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